La France pittoresque du Nord

par Gochet; Alexis-Marie (1835-1910)

VISITE D’UNE MINE DE HOUILLE (À LENS, PAR EXEMPLE).

Supposons que nous ayons revêtu un costume spécial de mineur : fortes chaussures, vieux gants, camisole de laine, etc., et que nous nous disposions à visiter une mine du Pas-de-Calais. Près de l’orifice supérieur du puits sont des machines puissantes et variées, destinées à faire circuler dans la mine et à ramener au jour les hommes, le charbon, les bois, l’eau et l’air vicié. On entre dans la cage, recouverte par un parachute destiné à arrêter la cage, si le câble venait à casser. Le mécanicien descend la tonne avec précaution. C’est une sensation étrange, la première fois qu’on l’éprouve, que celle du sol se dérobant sous les pieds. La lampe de mine qu’on porte avec soi éclaire mal, et tant que l’œil n’est pas exercé, on ne distingue absolument rien. On arrive au fond ; on sort de la cage et on fait une promenade de deux ou trois heures dans des galeries boisées, horizontales ou inclinées et plus ou moins hautes. Elles ne dépassent guère 2 mètres de hauteur, et c’est alors un plaisir d’y marcher ; mais elles descendent parfois à 50 centimètres : il faut littéralement ramper, et la promenade n’est guère agréable, bien qu’elle ne manque pas de pittoresque. On rencontre des trains de wagonnets, remorqués par des chevaux vigoureux qui restent constamment dans la mine. Il est de règle d’aller visiter quelques chantiers d’abattage de charbon ou de perforation mécanique de galeries. Les mineurs qui sont dans les galeries les plus basses travaillent à col tordu, c’est-à-dire piochent la houille de côté ou étant couchés sur le dos ou sur le ventre.

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